L’estime de soi chez l’enfant

I. L’ESTIME DE SOI, C’EST QUOI EN FAIT ?

L’estime de soi n’existe pas en elle-même, elle se construit à partir de différents matériaux relationnels touchant aux dimensions corporelles, relationnelles, cognitives et à travers l’action.

Le verbe estimer du latin aestimare traduit l’action qui consiste à évaluer, déterminer la valeur d’un bien/d’un objet, à avoir une opinion favorable sur une personne.

L’estime de soi se définit comme l’évaluation positive de soi-même qui est fondée sur la conscience de sa propre valeur. Pour Christophe André (2002), cette notion se rapporte à « un rapport évaluatif et affectif à soi-même, très fortement influencé par le sentiment d’acceptation (estime) sociale ».

Il ne s’agit pas seulement d’avoir des qualités, des habiletés, des aptitudes et des savoir-faire ce dont tout un chacun est pourvu. Il s’agit d’abord de les connaître et d’en avoir pris conscience comme étant des atouts qui permettent d’aborder sereinement toute situation nouvelle (De Saint Paul, 2009).

De manière générale, une personne qui s’estime se traite avec bienveillance : elle se sent digne d’être aimée et d’être heureuse. Elle se sent globalement en sécurité ce qui lui donne la certitude de pouvoir utiliser son libre arbitre et ses facultés d’apprentissage pour faire face, de façon responsable et efficace, aux évènements et défis de la vie.

Chez le jeune enfant, la part d’influence du milieu humain et notamment celui composé des parents est importante. L’attention que les adultes auront à son égard, la manière de le percevoir et les feedbacks qu’ils lui feront de son comportement alimentera une image de lui plus au moins positive. Par ailleurs, l’opportunité d’échanger avec des pairs à travers des lieux de socialisation nourrira également le regard qu’il va porter sur lui.

II. QUELLES SONT LES COMPOSANTES DE L’ESTIME DE SOI ?

Il existe une grande parenté entre les notions d’estime de soi, de connaissance de soi, de confiance en soi et d’affirmation de soi. Une bonne estime de soi nécessite de connaître ses qualités, ses compétences, ses valeurs, mais aussi d’accepter ses difficultés, ses imperfections. Selon Christophe André (2009), la stabilité de l’estime de soi va dépendre de plusieurs facteurs notamment : la capacité d’adaptation face à l’échec et l’adversité, l’autonomie et la capacité de recul envers les succès.

L’estime de soi suppose donc une bonne connaissance de soi, de son corps, de ses capacités sensori-motrices, de ses sentiments et de ses besoins.

L’activité motrice est le premier moyen que possède le tout-petit pour se connaître : grâce à ses expériences motrices, le bébé découvre ses possibilités d’action de manière globale, puis différenciée, ce qui l’amène à connaître les différentes parties de son corps engagées dans l’action.

Chez l’enfant d’âge préscolaire (dès 2 ans), l’estime de soi est liée à la découverte progressive d’un monde intérieur composé de ressentis, de pensées propres. Se connaître va passer également par le fait de reconnaître ses limites et d’accepter la critique.

Cela étant, connaissance et reconnaissance sont intiment liées : l’enfant a besoin d’autrui pour comprendre qu’il s’inscrit dans des relations partagées avec d’autres et pour s’enrichir de leur regard.

L’estime de soi aide à ne pas craindre l’échec ni le jugement et à prendre toute expérience de la vie comme une occasion d’apprentissage. On peut dire que la confiance, c’est l’estime de soi dans l’action. Les actes sont la gymnastique d’entretien de l’estime de soi et les petits succès nourrissent la confiance en soi. Le sentiment de réussite passe inévitablement par le faire (ANDRÉ, 2002).

Chez le tout-petit, la confiance en soi est d’abord dépendante d’un milieu stable, cohérent et prévisible. Trop de changements dans son « décor quotidien » peuvent entraver ses explorations et amener un sentiment d’insécurité. D’autre part, le bébé se nourrit grâce au fait que l’adulte lui accorde sa confiance et favorise son autonomie. De manière générale, plus l’enfant perçoit que l’adulte lui attribue des aptitudes, plus il pourra en prendre conscience. En ce sens, la confiance est contagieuse.

Prenant racine dans le lien, la confiance en soi est liée au sentiment de compétences et à la possibilité d’enrichir son potentiel d’action sur le monde grâce à l’expérimentation. Au fil des interactions adaptées à ses besoins, l’enfant fait l’expérience du succès, se lance de nouveaux défis, éprouve de petites victoires et apprend les reconnaître, à les valider.

L’estime de soi permet de s’affirmer face à l’autre en osant exprimer ses besoins, ses émotions, ses sentiments et ses pensées, en apprenant à formuler des demandes claires et en sachant dire « non » quand il est opportun de le faire. On peut dire que l’affirmation de soi, c’est l’estime de soi dans le lien social, dans la relation avec les autres.

Le jeune enfant, en grandissant, a besoin de pouvoir se situer par rapport aux autres. Le sentiment d’être inclus dans un groupe dépend beaucoup de la qualité de la place et de l’accueil réservés à chacun. L’estime de soi, c’est donc l’affaire de tous.

Quels sont les signes observables d’un sentiment d’appartenance au groupe? (Laporte, 2002)

• L’enfant cherche activement la présence des autres enfants
• il communique facilement avec ses camarades, peut initier, répondre au maintenir une interaction sociale ;
• il est attentif et sensible aux autres ;
• il est capable de générosité, de partage et d’entraide ;
• il suggère, à l’occasion, des idées pouvant servir au groupe entier ;
• Il assume des petites responsabilités pour le bien du groupe ;
• Il parle de ses amis à la maison ;
• il est capable d’appliquer des stratégies pour résoudre des problèmes sociaux.

III. LES FONCTIONS DE L’ESTIME DE SOI DANS LE DEVELOPPEMENT DE L’ENFANT

Une bonne estime de soi aide l’enfant à :

• avoir le courage d’être lui-même;

• prendre les bonnes décisions même sous pression;
• interagir avec les autres;
• gérer son stress et les défis qui se présentent à lui;
• faire des choix sains;
• être à l’aise de refuser de faire des activités dangereuses ;
• croire en ses capacités.

IV. QUELLES SONT LES CONDITIONS FAVORABLES AU DEVELOPPEMENT D’UNE BONNE ESTIME DE SOI?

Le sentiment d’être aimé et reconnu en tant que personne de qualité s’accroît dans les interactions du quotidien les plus simples. Maintenir un temps de partage et d’échanges privilégié malgré les aléas de l’existence est essentiel. A cet égard, le temps du repas et le rituel du coucher sont l’occasion pour se raconter le déroulement de sa journée et permettent à l’enfant de se sentir écouté, reconnu, câliné.

Les moments de jeu orienté sur ses besoins contribuent à renforcer chez l’enfant son sentiment de compétences et de valeur. Identifiez les activités dans lesquelles il est habile et tirer pleinement parti de ses points forts. Encouragez votre enfant à expérimenter de nouvelles choses, exprimez-lui votre sentiment de fierté face à ses efforts – qu’ils aient porté fruit ou non. Valoriser-le chaque fois que c’est possible et rappelez-vous qu’acquérir de nouvelles compétences prend du temps et de la pratique.

• Verbalisez votre satisfaction lorsque votre enfant coopère ou qu’il vous aide, lorsqu’il suit les règles ou lorsqu’il agit de manière adéquate. Décrivez-lui ce que vous apprécié dans sa conduite en vous appuyant sur vos valeurs personnelles et familiales.
• Donnez à votre enfant des responsabilités et des occasionsde participer aux différentes routines de la maison. Dès l’âge de 2-3 ans, vous pouvez lui assigner des tâches de rangement après les activités de jeu en le soutenant dans un premier temps puis en le laissant faire seul sous votre regard bienveillant. Il peut également vous aider à la préparation du repas en mettant la table ou en débarrassant.
• Permettez-lui de prendre certaines décisions, offrez-lui des choix et la chance de résoudre des problèmespour qu’il fasse l’expérience par moments de pouvoir diriger sa vie.
• Aidez votre enfant à apprendre de ses erreurs. Parlez de ce qu’il pourrait faire différemment la prochaine fois et de la façon de maîtriser son propre comportement.
• Soyez conséquent et montrez l’exemple. Décidez de règles et de limites claires et appliquez-les. Dites à votre enfant ce que vous attendez de lui, et quelles seront les conséquences si ces règles ne sont pas respectées. Cela l’aidera à se sentir en sécurité et sûr de lui, et plus confiant pour la prise de décisions.

En espérant que l’ensemble du travail décrit dans cet article puisse donner des idées, de l’espoir, ou encore des pistes de travail en faveur de la neurodiversité, n’hésitez pas à partager avec nous vos propres références et stratégies!

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