Les tests d’évaluation de la théorie de l’esprit de second ordre

L’animal social que nous sommes développe depuis de nombreuses générations une pensée sociale de son quotidien. Elle est indispensable pour décrypter les différents et hypothétiques états mentaux de nos interlocuteurs… et de s’y adapter.

Qu’en est-il pour les enfants présentant des troubles du spectre de l’autisme (TSA)? Comment les accompagner dans le développement de cette importante et ambitieuse cognition sociale?

Depuis les premières recherches faites sur les chimpanzés dans les années 80 par Premack et Woodruff, et celles poursuivies auprès d’enfants autistes dans les années 90 par Baron-Cohen, Leslie et Frith, nous en savons un peu plus sur les fausses croyances, l’évolution des théories de l’esprit, les différents états épistémiques des individus et leurs impacts dans les troubles du spectre autistique (TSA).

Voici un test de fausse croyance de premier ordre bien connu dans la littérature scientifique, le test de Sally et Anne. Ce dernier est normalement très bien réussi par les enfants à partir de 4-5ans. Dans ce test, on montre deux poupées – Sally et Anne – soit au travers d’une histoire imagée ou directement avec des marionnettes, ainsi que 2 contenants (un panier et une boîte). Sally place une bille dans le panier (Anne n’a pas été spectatrice de la scène) puis sort se promener. Entre-temps, Anne sort la bille du panier et la met dans la boîte. Au retour de Sally dans la scène, on demande à l’enfant où elle ira chercher la bille pour jouer avec elle? Les enfants qui ont une théorie de l’esprit développée répondent que Sally ira chercher l’objet dans le panier (là où la bille devrait se trouver). Les enfants qui n’ont pas encore une théorie de l’esprit bien développée répondent que Sally ira chercher la bille dans la boîte. Leur réponse est directement dépendante de leur point de vue égocentré. Ils n’ont pas réussi à se mettre à la place de la poupée Sally 😉 . 80% des enfants présentant des TSA  échouent à ce test. Alors même que les 20% restants réussissent l’épreuve, ils échouent à un test de fausse croyance de second ordre plus complexe (ne posant pourtant aucune difficulté à des enfants typiques de 7 ans).

Mais que peut bien être un test de théorie de l’esprit de second ordre?

Un test de théorie de l’esprit de second ordre est une évaluation qui teste la capacité de savoir que les autres personnes ont-elles aussi une théorie de l’esprit. C’est celle-ci que les tests ci-dessous évaluent. A chaque fois, l’examinateur raconte une histoire oralement et pose une question.

Le test de la pharmacie:

« Un homme passe devant une pharmacie. Dans la vitrine, il y a une photo de bateau. Comme il aime les bateaux, il rentre dans la pharmacie pour la regarder. »

Question: Que pense le pharmacien de cet homme qui est entré? Qu’il veut regarder la photo ou acheter des médicaments?

Le test de la classe:

« Un garçon du nom de Stéphane est grondé par sa maîtresse car il a fait des bêtises. Une fois rentré chez lui, sa mère lui demande si il a été sage et il lui répond que oui. Sa mère lui dit donc de monter dans sa chambre regarder la télévision et qu’elle va lui amener son goûter. Pendant que Stéphane s’installe, la maîtresse appelle la mère au téléphone pour lui raconter qu’elle a grondé Stéphane. La mère va le voir pour le gronder. »

Question: Que pense Stéphane en entendant sa mère arriver? Qu’elle va lui apporter son goûter ou qu’elle va le gronder?

Il est bien entendu que le test est échoué si l’enfant répond que le pharmacien pense que l’homme va regarder la photo et que Stéphane sait que sa mère va le gronder. 😉

Les nouvelles recherches aujourd’hui semblent indiquer que lorsque l’on met en relation théorie de l’esprit et autisme, il est maintenant plus question de retard que de déficience.  Tous les espoirs sont alors permis pour continuer à développer une compétence primordiale pour décrypter l’intention des autres, des émotions sur des visages et en finalité: une capacité d’adaptation sociale nécessaire à notre vie en société.

Dans son ouvrage, Nathalie Nader-Grosbois nous fait part de ses recherches sur la théorie de l’esprit chez l’enfant à développement typique, les outils pour évaluer la théorie de l’esprit et la théorie de l’esprit chez des personnes à développement atypique. D’intéressantes pistes d’intervention pour le développement de la ToM et des compétences sociales et émotionnelles sont développées: La théorie de l’esprit, entre cognition, émotion et adaptation sociale. Nader-Grosbois, N. (2011). Paris: De Boeck

En espérant que l’ensemble du travail décrit dans cet article puisse donner des idées, de l’espoir, ou encore des pistes de travail en faveur de la neurodiversité, n’hésitez pas à partager avec nous vos propres références et stratégies!

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