Les pratiques d’autorité: de hier à aujourd’hui

Les choses se compliquent lorsque l’enfant cherche à comprendre comment les relations entre les individus marchent. Le problème réside dans le fait que nous ne sommes pas des cuillères !

Nous tolérons de dire une fois à l’enfant qu’il n’est pas permis de monter sur la table. A partir de la seconde fois, il est beaucoup plus difficile d’accepter ce besoin d’expérimentation.

Au regard de notre compréhension de comment l’enfant apprend, essayons d’entrevoir une autre lecture de ce comportement. L’enfant a besoin de vérifier que l’adulte va réagir toujours de la même manière, car l’absence de stabilité dans les interactions est source d’anxiété. C’est la raison pour laquelle, l’enfant nous demande de répéter, répéter et répéter encore les règles qui régissent les rapports humains. En fonction de nos ressources (fatigue, état d’humeur, temps à disposition, etc.), nous pouvons répondre adéquatement à ce besoin et reformuler avec calme et fermeté.

Il arrive aussi, bien légitimement, que nous n’ayons pas cette disponibilité : l’enfant est alors confronté à une réaction différente qu’à l’ordinaire. Pour lui, c’est comme si la cuillère remontait soudainement au plafond ! Il faut par conséquent, comme tout bon scientifique, reprendre les investigations. Le petit sourire sur ses lèvres témoigne bien souvent à cet âge du malaise qu’il vit lorsqu’il constate qu’en fait ça change et qu’il nous sent à bout.

Les limites du parent structurent l’enfant car elles lui apprennent que le parent ne peut pas toujours répondre à ses demandes et qu’il doit également s’écouter en répondant à ses propres besoins. De nombreux psychologues ont décrit cette nécessité de quitter le mode relationnel imposé à la naissance par l’immaturité du nouveau-né où l’adulte se rend totalement disponible à lui. Donald Winnicott décrit comment la figure maternelle doit progressivement frustrer le tout-petit afin qu’il entame son processus de séparation-individuation.

L’enjeu éducatif est donc de donner à l’enfant des signes très clairs qui lui permettent d’anticiper ce moment où il doit faire l’expérience de prendre en compte son partenaire dans l’interaction.

Dans cette optique, un acte éducatif qui dit « Voilà mes limites, là moi j’ai aussi des besoins » permet au parent de ne pas se laisser envahir par l’émotion et garantit des interactions respectueuses bien que temporairement difficiles.

II. La punition: quand faut-il l’utiliser? et comment?

Pour rester bienveillant, il faut l’adapter à l’âge développemental de l’enfant.

Classiquement, la punition sanctionne le non-respect de règles clairement établies et connues de l’enfant. Les premières règles du monde sont liées à la sécurité et leur fonction est de protéger l’enfant. Les interdits touchent habituellement trois dimensions : ne pas se faire du mal, ne pas faire du mal à autrui et ne pas détruire les objets. Ils sont intimement liés à la notion de respect de soi, de l’autre et de son environnement (valeurs humaines, citoyennes, écologiques).

A la fin de la seconde année, lorsque le jeune enfant quitte le statut de bébé, il est légitime de pouvoir attendre de lui qu’il intègre progressivement d’autres règles inhérentes à la vie en collectivité.

Pour l’enfant, la sanction le libère de la culpabilité de la faute qu’il a commise. Par conséquent, une fois que l’intervention est faite, on n’en reparle plus. Le moment de retrouvailles après un conflit est pour cette raison essentiel.

Il est courant de se sentir coupable lorsqu’on gronde ou sanctionne son enfant, car derrière se cache la peur de perdre son amour. Or, « on ne peut pas éduquer sans déplaire. Les parents sont parfois obligés de jouer aux gendarmes et d’enlever des libertés. » (Didier Pieux). Mais attention à la confusion ! Lorsqu’un enfant est puni, il n’est pas malheureux, il est frustré. Et ceci n’est pas grave mais utile au développement de ses capacités de régulation émotionnelle. Certes, ce n’est pas agréable mais c’est temporaire et c’est lié au fait de grandir.

De manière générale, pour qu’elle soit efficace, il est important que la punition :

III. Quelques questions récurrentes.

• Donner un cadre, est-ce toujours interdire ?

Donner un cadre, c’est structurer la vie de l’enfant avec des autorisations et des interdits. Faire des compliments aux enfants quand ils se conduisent bien, c’est également leur apprendre à bien se conduire.

• Comment expliquer la règle pour quelle soit comprise ?

Un enfant intègre plus facilement des messages clairs, simples, formulés de façon positive. “Range tes jouets dans l’armoire”, plutôt que “ne laisse pas traîner tes jouets”. Outre la formulation, la conviction est centrale : l’interdit sera d’autant plus facilement compris et accepté par l’enfant que ses parents en sont convaincus (et le montrent).

• Nos règles de vie ne changent-elles pas trop souvent ?

Pour son équilibre, l’enfant a besoin que les règles de vie soient définies à l’avance et ne dépendent pas de notre humeur. La stabilité des règles permet de les intégrer plus facilement et d’établir des repères. Elles doivent donc être constantes dans le temps.

• Est-ce que je donne assez de règles ?

L’enfant grandit en faisant ses propres expériences. Au fil des explorations, il acquiert plus de confiance en lui. Si tout est édicté, il n’y a plus d’espace pour lui. Trop de règles amènent aussi à plus de confusion. Les règles doivent être énoncées simplement et concernent ce qui est vraiment essentiel.

• L’enfant peut-il comprendre que les règles sont parfois différentes ?

L’enfant peut comprendre que les règles ne sont pas les mêmes à la crèche et à la maison, par exemple, mais il doit savoir qu’elles doivent être respectées partout. Même lorsque les parents sont séparés, il est important de maintenir une cohérence dans l’éducation de leur enfant.

Bibliographie

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