Quelques recommandations pour un accompagnement adapté aux besoins des enfants autistes

Prendre conscience que le développement des enfants autistes n’est pas seulement ralenti, irrégulier et atypique… c’est accepter de penser différemment notre pratique. Savoir que la personne présentant des troubles du spectre de l’autisme (TSA) pense de manière littérale et visuelle, c’est déjà un bon moyen pour l’aider à progresser. Alors même que chaque individu est différent, nos besoins pour survire dans « la jungle » du quotidien sont passablement identiques. Alors même qu’il existe autant d’autismes que d’enfants autistes, l’expérience nous montre que l’ensemble des enfants accompagnés exprimait souvent des besoins fondamentaux identiques. Mais qu’elle est donc cette magie? 😉

Aujourd’hui, l’autisme est reconnu comme étant un trouble neuro-développemental complexe. Pour définir et appréhender l’hétérogénéité et l’intensité des atteintes, on parle de troubles du spectre autistique (TSA). Dans cette grande palette de classification, différentes réalités co-existent. Pourtant, à des intensités variables, l’ensemble des membres de ce spectre partagent des difficultés communes. En voici les principales:

• Inexistence ou faible théorie de l’esprit
• Déficit dans les fonctions exécutives
• Difficulté de généralisation
• Déficit de la cohérence centrale

De ces difficultés, résultent des besoins identiques:

• Besoin de stabilité

Les choses doivent avoir un temps et une place prédéfinis pour ainsi créer un sentiment de sécurité. Petit à petit, de nouvelles informations peuvent être intégrées, des changements peuvent venir « perturber » la prévisibilité du monde. Beaucoup de personnes avec autisme assimilent malheureusement la vie au hasard. Pour palier à l’imprévisibilité du quotidien et à ses dimensions angoissantes ainsi que pour offrir une meilleure autonomie à la personne présentant des TSA et un contrôle dans ses actions, il est nécessaire de mettre en place des repères stables sur lesquels elle peut s’appuyer.

Une verbalisation du changement n’est pas forcément le meilleur outil à utiliser avec des personnes autistes.

En effet, face à des penseurs visuels, il semble plus adéquat, par exemple, de préférer une association concrète pour améliorer la perception du changement en associant un objet pour symboliser une activité. (Pour plus d’informations à ce sujet, veuillez lire notre article sur le Comfor).

Quand on a compris que l’autisme est une autre forme d’intelligence, une pensée concrète du monde, on prend toute la mesure de l’utilité d’associer des pièces de sa maison à des fonctions spécifiques (cuisine=manger, salon=regarder la tv, chambre=dormir, bureau=travailler, etc.) La prévisibilité et donc la disponibilité à penser n’en sera qu’améliorée. Créer un espace visuellement neutre et structuré est un bon moyen pour libérer les enfants des problèmes de distraction et augmenter leur temps d’attention. Toutefois, il est utile de garder à l’esprit tout le travail nécessaire pour amener les personnes autistes à maintenir (et à développer) leurs compétences en milieu naturel (bruyant, distrayant, etc).

• Besoin de clarté, de précision

L’autisme entraîne souvent une confusion du monde pour la personne. Les différents sens des mots et des interactions sociales sont des notions complexes. Par exemple, le côté littéral du langage rend difficile la compréhension des abstractions de nos interactions sociales et de notre communication.

La notion de temps est souvent difficile à appréhender. Les personnes avec autisme, comme toute personne, doivent apprendre à gérer leur temps. Pour ce faire, il est très intéressant d’essayer de s’appuyer sur leurs compétences visuelles en rendant la notion du temps la plus concrète, audible et visible possible. Ceci par exemple avec l’utilisation de minuterie, de sablier, de musique ou d’image. 

La notion du « Non » et de l’interdit est aussi essentielle à tout apprentissage. Dans une société comme la notre, l’ensemble de notre organisation sociale découle de droits et d’obligations plus ou moins explicites. Toutefois, en autisme, le concept de « Non » peut souvent être vu comme une notion définitive. Avoir par exemple une carte figurative « Oui » et « Non » à disposition peut parfois faciliter la compréhension.

Un programme de journée clarifie l’emploi du temps de la personne. En apprenant à associer des objets, des images ou des mots à des lieux ou des activités, la personne est plus sereine face au déroulement de sa journée. L’apprentissage de cet emploi du temps commence par l’association de 2 activités (par exemple, travail puis jeu) et lorsque cet enchaînement est acquis et généralisé, l’emploi du temps intégrera une demi-journée puis une journée. Si la personne rencontre des difficultés dans la discrimination d’images, l’emploi du temps peut utilisé des objets concrets en premier temps. Lorsque la discrimination est acquise, on peut remplacer des objets par des images puis par des mots écrits. (Pour plus d’informations à ce sujet, veuillez lire notre article sur le Comfor).

• Besoin de récompenses

Comme tout le monde, les personnes avec autisme ont besoin d’être en situation de réussite pour développer de nouvelle compétences. Et pour cela, comme pour nous, tout travail mérite salaire 😉

Toutefois, avant d’y arriver, il est important de comprendre comment y parvenir. Pour ce faire, le programme TEACCH propose l’utilisation de matériel concret et visuel (objets, images, pictos) pour apporter des réponses claires et adaptées à la compréhension des personnes présentant de l’autisme, avec ou sans déficience intellectuelle associée. Les réponses visuelles cherchent à répondre aux questions légitimes des personnes: 

En espérant que l’ensemble du travail décrit dans cet article puisse donner des idées, de l’espoir, ou encore des pistes de travail en faveur de la neurodiversité, n’hésitez pas à partager avec nous vos propres références et stratégies!

Si vous aimez, merci de le partager!