Thérapie de l’intégration sensorielle

« l’inhabileté à moduler, différencier, coordonner ou organiser efficacement les stimulations sensorielles ».

Quand l’on comprend que notre première perception du monde est sensorielle, on comprend mieux que le dysfonctionnement perceptif a un impact significatif sur l’ensemble de nos apprentissages et de nos relations.

Pour Ayres elle-même, une thérapie (neuro)sensorielle devrait:

Depuis la conception initiale de l’approche de l’intégration (neuro)sensorielle dans les années 80, certains auteurs (Winnie Dunn, Lucy Jane Miller) ont continué à l’élaborer au travers de nouveaux concepts complémentaires et de nouvelles terminologies .

La plus récente classification (Miller, 2006) se constitue en trois sous-types de problématiques :

• troubles de discrimination sensorielle (liés aux sens)
• troubles de modulation sensorielle (hyper / hypo-sensibilité,  recherche sensorielle)
• troubles moteurs d’origine sensorielle (dyspraxie, troubles posturaux). 

L’approche d’Intégration sensorielle comporte sept postulats fondamentaux  (Schaaf, et al., 2010) :

1. Les informations sensorielles fournissent une base importante pour l’apprentissage et les comportements.
2. L’intégration sensorielle est un processus développemental.
3. L’intégration et l’organisation adéquates des informations sensorielles sont la base et le résultat d’éventuelles réponses adaptées.
4. Le défi adapté à l’enfant («just right challenge») est nécessaire à l’intégration sensorielle.
5. L’enfant a une motivation intrinsèque à s’engager dans des activités significatives dans son environnement.
6. Les expériences affectent le système nerveux grâce à la plasticité neuronale.
7. L’intégration sensorielle est la base d’un engagement social et d’une participation aux activités de la vie quotidiennes et aux routines.

Voici une vidéo d’Anna Jean Ayres en séances. Une trace historique et symbolique importante.

Petit rappel des différents champs sensoriels:

Les plus connus:

Les moins connus:

Quelques particularités sensorielles en autisme:

Nous savons maintenant depuis quelques années que les différents profils neuro-sensoriels exprimés par les personnes présentant des troubles du spectre autistique sont parfois bien atypiques et complexes au quotidien.

Les dernières classifications internationales incluent maintenant dans leurs critères diagnostiques des TSA une hyper ou hypo-réactivité aux stimuli sensoriels ou intérêts inhabituels pour des aspects sensoriels de l’environnement, allant, par exemple :

• De l’apparente indifférence à la douleur / température
• De la réaction négative à des sons spécifiques ou des textures
• De la perception olfactive et tactile excessive des objets
• A la fascination visuelle des lumières ou des objets en mouvement

La plupart des stéréotypies exprimées par l’enfant présentant un autisme concerne des auto-stimulations sensorielles. Les intervenants en comportementalisme s’en servent comme possibilité de renforçateur permettant ainsi à l’enfant d’avoir une stimulation en partage (c’est l’intervenant qui gère la stimulation) et de réduire (ou en tout cas, de contrôler) les périodes de stéréotypies.

Pour notre part, nous pensons qu’il est important de comprendre la stéréotypie (quelle que soit sa forme) au travers de sa fonction et non a-priori comme un acte socialement déviant. En effet, souvent, une analyse fonctionnelle du comportement nous aide à mieux comprendre la fonction d’une stéréotypie et ainsi à mieux l’accompagner.

La stéréotypie a souvent une fonction d’évacuation de stress, ou d’angoisses, … elle est une stratégie de régulation et donc un véritable besoin pour chacun-e. Comprenons ce besoin et respectons-le !

Les personnes neurotypiques (non-autistes) développent aussi des stratégies d’auto-stimulations sensorielles à fonctions régulatrices. La différence étant que ces dernières sont considérées comme socialement acceptables et donc adaptées (se ronger les ongles, jouer avec le ressort de son stylo, secouer frénétiquement son pied, consulter ses messages ou ses réseaux sociaux sur son téléphone portable à longueur de journée, etc …) 😉

Quelques sympthômes:

Un enfant présentant un profil (neuro)sensoriel altéré peut présenter un ou plusieurs symptômes. En voici quelques exemples:

• L’enfant peut être hypo ou hypersensible dans un champ sensoriel
• L’enfant peut avoir des comportements de retrait, de frustration, ou d’agressivité inhabituels
• L’enfant peut être facilement distrait
• L’enfant peut avoir des difficultés à s’adapter aux situations nouvelles
• L’enfant peut se fatiguer vite
• L’enfant peut avoir des troubles du langage
• L’enfant peut avoir du retard dans les acquisitions motrices
• L’enfant peut avoir des difficultés d’apprentissage
• L’enfant peut avoir une mauvaise coordination des mouvements et un équilibre insuffisant
• Etc…

Quelques exemples de stratégies d’accompagnement par champs sensoriels:

En conclusion:

Dans une séance d’intégration (neuro)sensorielle, l’enfant profite d’une expérience corporelle sensorielle contrôlée et développe ainsi une réponse adaptée à son environnement. Les activités sensorielles proposées aux enfants peuvent être uni-modales ou multi-modales, c’est à dire qu’elles s’appuient sur la stimulation et le recrutement d’un ou de plusieurs champs sensoriels. La stimulation (neuro)sensorielle se fait toujours avec la participation active de l’enfant. L’intensité de la stimulation reste sous son contrôle dans le cadre de l’activité ludique et significative mise en place par l’adulte. Comme vu plus haut, chaque enfant (autiste ou non-autiste) a des besoins de stimulations sensorielles différents. Il est important d’accueillir et de respecter les tolérances, envies et sensibilités de chacun-e !

Est-il encore utile de préciser que chaque enfant exprime son propre profil (neuro)sensoriel? Tout un chacun peut par exemple parfaitement présenter des hypersensibilités visuelles et des hyposensibilités prorioceptives et vestibulaires…

Si l’on ne devait retenir qu’une chose:

Vous le savez maintenant, une grande majorité des enfants présentant des troubles du spectre autistique expriment des particularités (neuro)sensorielles. Leurs hype ou hypersensibilités peuvent s’exprimer de manière variable. Parfois elles sont de faible intensité, parfois elles peuvent atteindre la santé de l’enfant ou encore l’entraver dans son développement ou ses apprentissages de manière significative. Ainsi, il est maintenant reconnu qu’une grande quantité de comportements-défis a souvent comme origine une particularité sensorielle ou somatique. Par exemple, une stéréotypie en autisme peut véritablement avoir différentes fonctions sensorielles, en voici les principales:

• Fonction de défense (éviter la stimulation ou dévier une sensation douloureuse)
• Fonction d’augmentation de perception (recherche de stimulation pour combler le manque de feed-back perceptif)
• Fonction de compensation de perception (augmenter l’utilisation d’un champ sensoriel pour en combler un autre déficitaire)
• Fonction d’apaisement/plaisir (éviter situation stressante)

Quelques lectures et liens utiles: